L’Antarctique : un réchauffement inattendu
Le continent polaire subit une hausse des températures plus rapide qu’anticipé
Une amplification polaire
L’Antarctique, tout comme l’Arctique, est touché par un phénomène climatique surprenant : une augmentation des températures plus rapide que dans les zones tropicales et tempérées.
Ce phénomène, appelé « amplification polaire », commence à attirer l’attention des experts et pourrait avoir des conséquences majeures sur le niveau des mers.
Des données surprenantes
Jusqu’à récemment, les données météorologiques sur l’Antarctique suscitaient une « faible confiance » de la part du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Seules quelques stations météorologiques couvraient ce vaste continent de 14 millions de kilomètres carrés, révélant principalement des changements climatiques dans l’ouest et la péninsule antarctique.
Cependant, une étude récente publiée dans Nature Climate Change, intitulée « La difficulté de détecter la signature du changement climatique dans l’Antarctique, » révèle une réalité surprenante.
Les chercheurs ont utilisé des carottes de glace pour reconstituer les températures des 1000 dernières années.
Le résultat est frappant : bien que moins marquée qu’en Arctique, la hausse des températures en Antarctique est deux fois plus rapide qu’en zones tempérées et tropicales.
Les défis de la détection
Cette détection du réchauffement est complexe pour plusieurs raisons. Tout d’abord, le nombre limité de stations météo en Antarctique et leur installation récente limitent la capacité à suivre les tendances à long terme. De plus, le climat local est influencé par une ceinture de vents puissants qui entoure le continent, connue sous le nom de « Southern Annular Mode » (SAM).
Cette variation périodique rend difficile la détection des changements climatiques.
La distance entre ces vents et la côte antarctique varie sur de longues périodes, apportant des fluctuations de chaleur et d’humidité.
C’est en fait cette alternance de périodes d’éloignement et de rapprochement des vents qui rend difficile la détection d’une évolution des température.
Les conséquences pour le futur
Les résultats de cette étude confirment l’amplification polaire au pôle Sud, avec une augmentation des températures comprise entre 0,22°C et 0,32°C par décennie, soit deux fois plus rapide que la moyenne mondiale.
Bien que moins sévère que l’Arctique, où la hausse est quatre fois supérieure à la moyenne mondiale, ces chiffres soulèvent des questions sur les modèles climatiques actuels.
Les modèles climatiques n’ont pas encore réussi à prendre en compte efficacement ce phénomène dans leurs prévisions, notamment en ce qui concerne la hausse du niveau des mers.
Les experts estiment que les prévisions actuelles, qui suggèrent une élévation de 70 centimètres à un mètre du niveau de la mer d’ici la fin du siècle, pourraient devoir être révisées à la hausse.
Bien que cette étude soit une avancée majeure, elle ne met pas fin au débat.
D’autres recherches et mesures seront nécessaires pour affiner et valider ces résultats.
L’équipe du LSCE prévoit de poursuivre ses observations en utilisant des carottages effectués à la station Concordia de l’Institut polaire français.
Ces efforts visent à mieux comprendre les variations climatiques locales et à anticiper les défis posés par le changement climatique en Antarctique.
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